Bayonne, le 12 mai 2025 –  Achetée 1 615 000 € en 2021 et revendue 2 980 000 € en 2025, seulement 4 ans après : 36 militants d’Alda sont entrés ce lundi dans une propriété en vente à Bidart pour alerter sur la “culbute spéculative” en cours et dénoncer l’envolée générale des prix de vente au Pays Basque. Depuis le salon de la maison, inoccupée, ils ont tenu une conférence retransmise en direct sur la nécessaire régulation des prix de vente du foncier et du bâti afin d’enrayer la flambée des prix qui rend les logements inaccessibles à la population locale, réduit l’offre locative privée, fait augmenter les coûts de production de logements sociaux, et exclut les classes les plus populaires du territoire.  

Plus-value de 1 365 000 € 

Achetée 1 615 000€ en 2021, la maison est aujourd’hui mise en vente à 2 980 000 €, seulement 4 ans après, par la SNC Yaurregia (société en nom collectif), société dédiée à l’acquisition, à la rénovation ou à la construction de biens immobiliers. Si une vente est réalisée, la plus-value serait de 1 365 000 €, ce qui, selon les informations d’Alda, est bien supérieur au montant des investissements réalisés.  L’agent immobilier présent, gérant de l’agence Côte Ouest immobilier, s’est gardé de dire à la presse qu’il était par ailleurs dirigeant fondateur de la SAS IdayImmo, l’une des sociétés fondatrices de la SNC Gurutzeta, elle-même comptant parmi l’une des deux sociétés fondatrices de la SNC Yaurregia : une architecture de sociétés laissant peu d’ambiguïté sur le fait qu’il s’agit de transactions visant à optimiser les profits.

36 militants d’Alda ont ainsi dénoncé cette pratique dite de “culbute spéculative” (consistant à acheter un bien pour le revendre peu de temps après bien plus cher) en organisant depuis le salon de la maison une conférence exceptionnelle intitulée “Flambée des prix au Pays Basque : aski !”. Une banderole indiquant “Spéculation : pas de logement pour la population. Euskal Herria ez da salgai!” a été déployée depuis la chambre du 1er étage.

Un Pays Basque populaire ou ghetto pour millionnaires ? 

“Pendant qu’une poignée de millionnaires tente de faire du Pays Basque un village vacances de résidences secondaires, la population locale, elle, peine à se loger. Or ces ventes aux montants ahurissants ont un impact général sur la flambée des prix : elles entraînent avec elles l’augmentation générale des prix de vente moyens d’un secteur donné, mais aussi, par ricochet, la diminution de l’offre locative. Pour la population locale, et notamment ses catégories les plus populaires, cela signe un arrêté d’expulsion : il leur faut aller toujours plus loin de leur lieu de vie, de leurs proches, de leur travail, pour pouvoir se loger.” estime Noël Oillarburu, d’Alda.

La clé : encadrer 

Lors de la conférence, retransmise en direct, deux intervenantes d’Alda ont exposé les enjeux posés par l’augmentation constante et démesurée des prix de vente du foncier et du bâti. Catherine Sabbah, déléguée générale de l’Institut des Hautes études pour l’action dans le logement (IDHEAL) et récemment intronisée académicienne, a exposé dans une vidéo réalisée pour l’occasion les conséquences de la flambée des prix et la nécessité d’une régulation.

“Des mécanismes récents comme le règlement de compensation ou l’encadrement des loyers en zone tendue ont permis d’améliorer la situation du logement au Pays Basque et de protéger les logements à l’année. Ces avancées prometteuses prouvent la pertinence de réguler le marché du logement et trouvent un fort écho auprès de la population. Elles doivent encourager les décideurs à prendre des mesures ambitieuses concernant l’encadrement des prix de vente. Depuis 15 ans, 80 % des biens revendus au Pays Basque le sont à la hausse, dont 36 % en forte hausse (plus de 50% du prix). Si les prix sont élevés, les propriétaires vont préférer la vente à la location à l’année. La majorité de la population locale n’ayant pas les moyens pour acheter à ces prix, ce sont autant de biens qui risquent de se voir transformés en résidence secondaire. De la même façon que les montants des loyers sont encadrés, il faut à présent encadrer les prix de vente. Il s’agit d’ailleurs d’une attente de la population : en 2023, 55% de la population du Pays Basque était favorable à un encadrement des prix de vente par les pouvoirs publics (1)” estime Malika Peyraut, d’Alda.

6 mesures applicables 

Alda a ainsi rappelé une série de propositions à l’attention du législateur (2) : soumettre les prix de vente du foncier et du bâti en zone tendue à un encadrement de leur évolution, taxer la plus-value de la vente des résidences principales vendues moins de 5 ans après leur dernier achat, sanctionner les déclarations de résidence principale frauduleuses, durcir la fiscalité, permettre à la collectivité de percevoir une partie de la plus-value lorsque celle-ci a été permise par de l’investissement public, ou encore rendre obligatoire l’affichage sur les annonces immobilières du prix de vente précédent. L’association continuera de diffuser ses propositions et d’interpeller les décideurs à toutes les échelles pour enrayer la flambée des prix et permettre ainsi à la population locale de vivre et se loger au pays !

(1) https://www.sudouest.fr/economie/immobilier/immobilier-au-pays-basque/sondage-exclusif-demain-se-loger-au-pays-basque-le-message-est-tres-clair-pour-jerome-fourquet-de-l-ifop-14458965.php

(2) Encadrement des prix de vente du foncier et du bâti : les propositions d’Alda