Une compensation ambitieuse vise à récupérer une petite partie des 11 000 logements perdus pour la population locale car transformés en meublés de tourisme permanents de type Airbnb. Mais elle sert surtout à stopper l’hémorragie du parc locatif à l’année. Alda estime à 16 000 le nombre de logements actuels menacés dans les années à venir (*). C’est un vrai tonneau des Danaïdes. D’un côté, on bétonne, artificialise des sols pour produire 2680 logements par an pour répondre à la demande locale, et d’un autre, on en perdrait davantage chaque année faute de mesures efficaces telles que la compensation ? La jeunesse et les milieux populaires de ce territoire ont besoin aujourd’hui plus que jamais de voir les Conseillers communautaires défendre avec fermeté leur droit et leur désir profond de vivre et se loger au pays, près de leurs emplois et centres d’activités. Nous comptons sur vous !!!

(*) L’estimation d’Alda entre 2022 et 2026 est conservatrice, avec une augmentation de 18% par an, soit une croissance de 93% en 4 ans, inférieure à la croissance de 130% observée entre 2016 et 2020. Mais elle intègre le redéploiement des plateformes type Airbnb, bloquées sur les villes comme Paris ou Bordeaux ayant mis en place la compensation, définitivement consolidée par la Cour de cassation en 2021, vers les territoires comme le Pays Basque ou la Bretagne à partir de cette année-là.

Un meublé de tourisme permanent appauvrit le territoire

Logements transformés en meublés de tourisme = 209 millions de retombées économiques partagées entre notre territoire et le reste de la France ! 

Logements habités à l’année = 373 millions de retombées économiques pour le territoire de la CAPB !

Rappelons que les meublés de tourisme (MT) sont des logements et qu’ils sont en concurrence directe avec le logement à l’année. C’est la grande différence avec les autres hébergements touristiques.

Opération enfumage

La filière professionnelle de la location meublée du Pays Basque annonce dans Sud-Ouest du 6 juillet 2022 que le secteur des MT représente 4 480 000 jours marchands soit un total de 444 millions d’euros de retombées dans l’économie du tourisme au Pays Basque. Elle l’argumente sur la base d’une occupation des logements par 4 personnes en moyenne, avec une dépense moyenne de 99,20 euros par personne et une moyenne de jours loués par an et par logement de 70 jours : 16 000 logements (11 000 MT en résidence secondaire et 5000 MT en résidence principale) X 70 jours X 4 personnes = 4 480 000 jours X 99,2 euros = 444 416 000 euros.

La filière a donc pris comme base de calcul la somme de 99,2 euros, soit la moyenne de dépenses pour les touristes séjournant dans de l’hébergement marchand (à l’hôtel par exemple). Pourtant le document « Chiffres clés du tourisme 2020 » édité par l’office de tourisme Pays Basque, servant de source à la filière précise que pour les MT et les hébergements classés « non marchands » (hébergement gratuit, chez des amis par exemple, et locations via plateformes collaboratives) la moyenne n’est pas de 99,20€, mais de… 45,10€ ! Ce chiffre est une moyenne, tirée vers le bas par l’hébergement réellement gratuit. Les MT s’ils étaient isolés doivent être légèrement au-dessus de 45,1, mais très loin d’atteindre les 99,2 euros.

Il est en effet facile de comprendre que la dépense des touristes se logeant en MT, par définition équipés de cuisine, frigo, vaisselle etc. est plus proche de celle de l’hébergement non marchand : ils peuvent en effet se faire à manger dans leur logement, y prendre l’apéro et y faire la fête. C’est même une des raisons du choix de se loger en MT. D’ailleurs, une étude publique de Côtes d’Armor Destination, l’Agence d’attractivité et de développement touristique du Conseil Départemental des Côtes d’Armor, chiffre les dépenses par jour et par personne de la clientèle de MT en Côtes d’Armor (Bretagne) à 46,8 euros.

Le calcul n’est alors plus du tout le même pour la filière, même quand on se base sur ses propres données de base : 4 480 000 jours X 46,8 euros = 209 664 000 euros !

Comparons…

Maintenant comparons tous ces chiffres avec les retombées des mêmes logements s’ils étaient habités à l’année : 11 000 logements (les MT permanents, en résidence secondaires) X 365 jours X 2,07 personnes (moyenne d’occupations des logements en Iparralde) = 8 311 050 jours X 37 euros (ensemble des dépenses de consommation des Français sauf celles liées au logement, éclairage et chauffage en 2021 selon l’INSEE) = 307 508 850 euros. Somme à laquelle on rajoute les retombées inchangées des 5000 MT en résidence principale (non concernés par la compensation, et qui verront même leur fréquentation renforcée grâce à elle) soit 5000 X 70 jours X 4 personnes = 1 400 000 jours X 46,8 euros = 65 520 000 euros soit un total de 307 508 850 + 65 520 000 euros = 373 028 850 euros. On est loin des 209 664 000 euros de retombées économiques générées par ces mêmes logements quand ils sont transformés en MT permanents, qui en outre ne sont captées qu’en partie par le territoire de la CAPB (2/3 des propriétaires de MT résidant hors de ce territoire).

Conclusion

Un MT permanent (on ne parle pas ici des personnes louant leur résidence principale pendant un ou deux mois par an) appauvrit le territoire, en même temps qu’il aggrave la crise du logement ! Gardons bien ça en mémoire : un résident permanent génère plus de valeur ajoutée, et des emplois moins précaires, au territoire qu’un touriste. L’hébergement des touristes ne peut, ne doit pas se faire au détriment du logement de la population locale !