Bayonne, le mercredi 18 mai – 42 militants d’Alda ont installé un camping devant la Sous-Préfecture de Bayonne, pour dénoncer la multiplication des baux frauduleux qui obligent les locataires à quitter leurs logements l’été et à trouver des solutions précaires de relogement. Après que des représentants de l’association ont déposé une demande de rendez-vous avec le Préfet des Pyrénées-Atlantiques pour évoquer au plus vite ce dossier sensible, Alda a levé le camp en annonçant de prochaines actions en cas d’absence de réaction des pouvoirs publics. 

Entre les tentes, les tables de pique-nique, la paella et les grillades; les valises à roulettes, les cartons de déménagement, et les costumes de travail donnent le ton : ici, dans ce camping sauvage installé face à la Sous-Préfecture sous les yeux de la presse venue nombreuse, dont deux équipes nationales de France 2 et France Info TV, ce ne sont pas les touristes que l’on accueille, mais bien le contingent massif de locataires à l’année chassés de leur logement pour l’été. La banderole d’entrée l’indique : cet été, le “Camping des flots bleus” est devenu le “Camping des baux frauduleux”. 

Baux étudiants à des non étudiants, baux mobilité à des travailleurs résidant ici, baux normaux mais assortis de préavis post-datés, baux classant le logement en “résidence provisoire et de plaisance” etc.: Alda s’est aperçu, en aidant chaque jour les locataires venus solliciter son aide, que les propriétaires peu scrupuleux rivalisent d’imagination pour violer la loi et parvenir à louer à prix fort en été. “Il ne s’agit pas de quelques cas isolés : la multiplication des témoignages a révélé qu’il s’agit d’une pratique massive en Pays Basque, devenu une véritable zone de non-droit à ce niveau. Ces baux précarisent gravement les locataires : obligés de les accepter faute d’autres logements disponibles, des gens qui vivent ici et travaillent ici sont forcés d’aller dormir au camping ou sur le canapé d’un proche pendant l’été… et ne retrouvent leur logement qu’en septembre ou en octobre !” explique Xebax Christy, porte-parole d’Alda. 

J’ai eu un bail étudiant 4 années de suite alors que j’ai 36 ans et que je suis salariée. J’ai contacté Alda et l’association m’a expliqué comment rester en toute légalité dans mon logement cet été et par la suite. C’est la première fois depuis 4 ans que je ne suis pas en mode stress et angoisse tout le long du mois de mai ” témoigne Marie.  Comme elle, Alda a déjà permis à de nombreuses personnes de requalifier leur bail frauduleux en bail 12 mois automatiquement renouvelable.  

Face à cette pratique massive, Alda a organisé cette action pour interpeller le Préfet. “Tous ces baux sont parfaitement illégaux ! Le bail meublé est de 12 mois pour tous, sauf dérogations pour certaines catégories bien précises (étudiants, travailleurs mobiles…). En matière d’immobilier, des propriétaires et agences véreuses se comportent au Pays Basque comme au Far West, sans foi ni loi… Nous demandons au Préfet que des mesures soient prises et renforcées pour veiller à l’application du droit, et d’empêcher que chaque année des centaines de personnes se retrouvent SDF pendant 2, 3 ou 4 mois ! .” conclut Ainize Butron, porte-parole d’Alda, qui a officiellement remis à la Sous-Préfecture une demande de rendez-vous avec le Préfet des Pyrénées-Atlantiques.

Tout en déplorant d’être obligé une fois de plus, après son combat contre le viol massif et au grand jour de l’obligation d’enregistrement des meublés de tourisme de type Airbnb, de devoir faire ce travail à la place de l’État et des communes, Alda annonce sa ferme intention d’assainir totalement les pratiques de bail dans les 2 ans à venir. De nouvelles actions auront lieu prochainement, en cas d’absence de réactions suffisantes des pouvoirs publics.

En attendant, l’association invite tous les locataires victimes de baux illégaux à la contacter au plus vite pour qu’elle leur permette de les requalifier et de pouvoir ainsi rester dans leur logement dès cet été.