Après un combat de plusieurs années, le 15 juin dernier, Charlène Cazenave s’est enfin vu reconnaître sa nationalité française par le Tribunal judiciaire de Bordeaux. Une victoire pour ce qui a été l’une des toutes premières batailles d’Alda, le soutien de Charlène, originaire de Bayonne, dans sa lutte pour faire valoir sa nationalité française à laquelle elle pouvait prétendre de plein droit mais que l’administration lui refusait depuis plus de 15 ans…

À cause d’une erreur administrative, Charlène Cazenave, 30 ans, n’avait jusqu’alors pas de nationalité. Sa vie quotidienne était un calvaire. Sans nationalité, et donc sans papiers d’identité, elle ne pouvait pas avoir de carte vitale, cotiser pour sa retraite, s’inscrire à Pôle Emploi, passer le permis de conduire, voyager hors de France, s’abonner à un opérateur téléphonique, se marier ou se pacser, ou tout simplement voter… Pourtant, bien qu’elle soit née au Cameroun, ses parents eux sont de Bayonne. Elle est donc française par filiation, comme l’indique l’Article 18 du code civil : « Est français l’enfant dont l’un des parents au moins est français ».

Un véritable parcours du combattant

Mais l’administration en a voulu autrement… Suite à des erreurs dans son acte de naissance délivré par les autorités camerounaises, Charlène a dû parcourir un véritable marathon judiciaire et administratif d’une dizaine d’années pour enfin réussir, en 2017, à ce que le Tribunal de grande instance de Bayonne fasse enfin établir un acte de reconnaissance modificatif, permettant à Charlène d’adresser une nouvelle demande de certificat de nationalité française. Malgré cela, le marathon s’est poursuivi jusqu’en septembre 2019 où le tribunal de grande instance de Bordeaux a sollicité que des vérifications soient faites avant de délivrer ce fameux certificat de nationalité française. Quand Charlène a contacté Alda en 2021, son dossier en était encore au point mort : l’Ambassade de France au Cameroun n’avait entamé aucune démarche pour vérifier la conformité de l’acte de naissance modifié… Charlène continuait donc à vivre sur le territoire français mais sans aucun document d’identité pourtant indispensable dans tellement d’actes et de moments cruciaux de la vie quotidienne.

L’une des toutes premières batailles d’Alda

Pour dénoncer cette injustice et les renvois successifs de l’affaire par la vice-procureure, Alda avait organisé plusieurs rassemblements de solidarité avec Charlène en 2021 et 2022 à  Bayonne et Bordeaux et contacté plusieurs médias locaux ou nationaux. Charlène de son côté a assuré sa défense avec rigueur et persévérance, sans se décourager et abandonner. Et, le 15 juin dernier, le Tribunal judiciaire de Bordeaux a fini par reconnaître sa nationalité française par filiation. Il a fallu ensuite attendre que les délais dont disposait le parquet pour faire appel soient dépassés pour s’assurer d’une victoire certaine et définitive. Et c’est le cas aujourd’hui ! Un immense soulagement pour Charlène qui va enfin pouvoir pleinement vivre sa vie ! “Ces années de combat ont été très dures psychologiquement parlant. Quand j’ai appris la décision du tribunal, j’étais tremblante et traversée par plein d’émotions… La joie, bien sûr, mais aussi une certaine forme de colère. Car depuis le début, nous savions que nous étions dans nos droits. On nous a juste fait perdre tellement de temps !”. Prochaine et dernière étape à présent : finaliser les formalités administratives qui lui permettront enfin de tenir sa carte d’identité entre les mains.