Après ses toutes premières années vécues sur Anglet, la famille de Valérie Manchot s’est installée au quartier de la Gargale au Boucau. C’est là que Valérie, dite «Liza», habite aujourd’hui, locataire HLM chez Habitat Sud Atlantic. Attachée à ce quartier joyeux et convivial où elle a grandi, elle est adhérente de l’Amicale Gargalaise et donne un coup de main quand il y en a besoin. Pour les fêtes du Boucau, elle a pris les photos de la course des trottinettes, à laquelle elle participait dans sa jeunesse, et qui existe toujours.

UN BEAU PARCOURS

Mais son vrai engagement, c’est à l’Association Sportive Bayonnaise. C’est une des dirigeantes de l’ASB où elle s’occupe des Baionako Neskak, après avoir elle-même joué au rugby féminin, à l’aile de la première ligne, pour ne pas dire pilier. «Il faut le gabarit, le mental». Puis Liza – surnom qui lui a été donné par l’ancien international de rugby Jérémie Spencer en référence à Lizarazu, et qui est resté depuis – a cumulé les statuts de joueuse et de dirigeante jusqu’en 2019, avec un beau parcours à la clef. Championne de France en 2014 et 2017 et vice-championne en 2012 et 2015, les souvenirs forts ne manquent pas. Et une fierté assumée d’avoir remporté́ ces titres au sein d’une équipe entièrement bénévole, ne comptant qu’un salarié, qui partage ses fonctions entre la gestion du quotidien de l’ASB et les initiations dans les écoles de Bayonne nord. «On joue vraiment pour le maillot, nous!». Un maillot plein de sens, de l’emplacement du terrain situé à Sainte- Croix, au bas de la ZUP, à l’équipe de sport adapté Olagarroa, composée de personnes en situation de handicap mental ou de maladie psychique.

RUGBY FÉMININ

Baionako Neskak, ce sont aujourd’hui 71 cadettes et 34 filles en senior, et une équipe qui a donc évolué́ en élite. Aujourd’hui et au quotidien, Liza prépare les déplacements, les réceptions, les maillots, la pharmacie, fait le tour de quelques sponsors pour faire face à certaines dépenses. Elle rend au rugby, et notamment à son club, ce qu’il lui a donné. «Le rugby c’est ma seconde famille. J’ai vécu des années fantastiques, fabuleuses, même si des fois ça a été compliqué, parce que c’est de l’investissement, c’était au départ 2 entrainements hebdomadaires, puis c’est passé à 3 puis 4. C’était vraiment pour le maillot, pour des valeurs humaines.»

LES VALEURS

Ce sont donc les valeurs qui guident Liza. Et quelques préoccupations. «Aujourd’hui on voit plus un comportement de consommateur, on a l’impression que les jeunes pensent que tout va leur tomber tout fait, tout cuit. Et le confinement a aggravé les choses, il a détruit quelque chose. On est encore plus égoïste, on ne pense pas forcément à l’autre. C’est ce qu’on essaie de relever un peu à l’ASB, en ouvrant les portes aux autres, en pratiquant ce rugby des quartiers, avec nos valeurs humaines, retrouver ce main dans la main où tu avanceras plus en confiance et où on ira plus loin. A l’ASB, on défend un maillot et ses couleurs, des Valeurs et une Histoire. ».

VIVRE ET SE LOGER AU PAYS

Valérie est aussi et tout particulièrement attachée au pays qui l’a vue grandir. Elle se souvient de l’époque où son grand-père venait voir les parties de pelote au trinquet Saint-André avant d’entamer les parties de mus (jeu de cartes basque, prononcer «mouche») pendant que les grands- mères allaient boire le chocolat chez Rémi. Son père, ouvrier en 3/8 aux Fonderies de Mousserolle, participait à la chorale d’Orai Bat, autre association très présente sur la rive droite, et y a été Joaldun (les fameux sonneurs de cloches vêtus de peau de mouton). Elle-même a intégré Orai Bat dès l’âge de 6 ans, à l’instar de ses 4 frères et sœurs, et y a pratiqué les danses basques. «Aujourd’hui vraiment, au quotidien, le logement est devenu le problème numéro 1. Ce qui me chagrine le plus, c’est de voir que des gens d’ici ne puissent plus s’y loger voire se retrouvent à dormir dans leur voiture. Quand tu vois un studio à Biarritz qui se vend à 250 000 euros, tu te demandes où on va ? Ils sont complètement barges !». Valérie sourit «On avait match le 20 novembre 2021 et je n’ai pas pu participer à la grande manifestation pour le logement. Pour la prochaine le samedi 1er avril par contre, je suis libre et je serai de la partie ! »