L’encadrement des loyers pourrait disparaître fin 2026 si aucune loi ne vient pérenniser un dispositif jusque-là expérimental. À la veille de l’examen d’une proposition de loi en Commission des Affaires économiques de l’Assemblée nationale, Rosa, Romane, Hannae et Marina, toutes locataires en zone tendue du Pays Basque ont appelé les députés à agir.
Car, si l’encadrement des loyers n’était pas pérennisé, ces locataires aux revenus modestes résidant dans la zone tendue du Pays Basque pourraient ne jamais en voir la couleur.
Marina habite un T3 de 50 m2 à Biarritz, qu’elle occupe avec ses deux enfants dont elle a la charge. Malgré ses revenus de 1100 €, elle paye un loyer de 972 € hors charge. C’est 290 € de trop chaque mois par rapport au loyer de référence majoré, soit 3 480 € perdus chaque année.
« Vivre décemment dans une zone d’habitat tendu relève aujourd’hui du véritable défi, en particulier lorsque l’on élève seule deux enfants encore engagés dans leurs études. Les prix des loyers y sont devenus exorbitants.
L’augmentation constante de mon loyer finit par peser comme une pression quotidienne, une angoisse sourde qui ne me quitte jamais vraiment. Mon logement : une petite maison de 50 m² où nous vivons à trois, qui n’a cessé de voir son loyer grimper depuis plus de six ans, sans que pour autant les conditions de vie ne s’améliorent. Devenu à la fois notre refuge et notre contrainte : un toit précieux, dangereux.
Chaque recoin est optimisé, chaque espace partagé, mais rien n’efface le sentiment que nous vivons à l’étroit financièrement.
À cela s’ajoute une réalité quotidienne encore plus difficile : un logement mal isolé, énergivore, dans lequel la facture énergétique s’envole saison après saison. Chauffer correctement cet espace, ou simplement maintenir un minimum de confort, devient un luxe que l’on supprime (on chauffe moins, puis peu, puis pas). Le cumul de ces dépenses incompressibles réduit drastiquement mon reste à vivre, m’obligeant à jongler en permanence entre les postes de dépenses pour tenter d’assurer ce qui est essentiel, l’éducation de mes enfants, excellents élèves, au demeurant.
Pourtant, malgré ces contraintes, j’essaie chaque jour d’offrir à mes enfants un cadre de vie digne et propice à leurs études, leurs projets et leur épanouissement. Mais comment préserver un climat serein quand le poids financier pèse si lourdement sur le quotidien ? Comment garantir à mes enfants les meilleures conditions possibles lorsque la précarité s’installe non pas par manque d’efforts, mais par le simple fait d’habiter une zone où les prix ne cessent de s’emballer ?
Se rajoute le fait qu’une femme seule ne peut déménager, car propriétaires ou agences refusent simplement les dossiers solo au profit de couple, plus stable pour payer un loyer partagé.
Je n’ai jamais fait défaut d’un seul loyer en plus de 6 ans. Le reste à vivre, lui, fond comme neige au soleil. Et pourtant, je continue de tenir, parce que j’ai fait le choix d’avancer, mais surtout parce que je veux leur montrer que malgré les difficultés, on peut.
Je me bats pour que mes enfants ne ressentent pas trop ce poids. Je fais en sorte qu’ils aient un environnement propice à leurs avenirs, qu’ils puissent rêver, créer, s’épanouir. Mais il m’arrive souvent, lorsque je suis seule, de ressentir cette fatigue qui ne vient pas seulement du corps à cause de la maladie. Cette fatigue de devoir compter chaque euro, de devoir renoncer, de devoir jongler sans cesse pour ne pas sombrer.
Je me bats constamment pour concilier dignité, stabilité et avenir, dans un contexte où le coût du logement et de l’énergie réduit chaque année un peu plus les marges de manœuvre. Il rappelle l’importance urgente de repenser la question du logement, afin que vivre décemment ne devienne plus un privilège, mais demeure un droit fondamental. »
Signer la pétition pour sauver l’encadrement des loyers : https://www.change.org/p/sauver-l-encadrement-des-loyers
Témoignage de Marina – 2 décembre 2025


