On a pu l’écouter à The Voice Kids en 2020 et à l’inauguration de la permanence d’Alda place des Gascons l’année suivante : Abdellah Boujalal, 21 ans, vient de passer de la fac de droit aux studios de tournage de la Ciotat pour une série à découvrir sur TF1 et Netflix cet été, “Tout pour la lumière”. Son père Mohammed avait fait l’objet du premier portrait du journal Alda : quatorze numéros plus tard, Abdellah se prête à l’exercice du portrait.

Fusion 

À la maison : Brel, Polnareff, Brassens ou Aznavour se mêlent aux grands noms de la musique orientale comme Feiruz ou Oum Kalthoum. Ça sonne comme un cliché mais depuis tout petit, Abdellah veut devenir chanteur. À 7 ans, il joue dans le groupe “Lamin Djinn Ttipi” que son père, surveillant de nuit dans un foyer et joueur de oud, a créé avec son meilleur ami et leurs enfants respectifs. Le groupe chante en basque, français et arabe, se produit deux ans au Pays Basque et, avec l’argent récolté, organise une tournée caritative au Maroc, pays natal des parents d’Abdellah. Une expérience fondatrice.

Mai 2021 - Abdellah (à gauche) et son père, lors de l’inauguration
de la permanence d’Alda de la place des Gascons à Bayonne.

The Voice kids

Abdellah s’inscrit au conservatoire de Bayonne pour apprendre le saxo, puis en cham (classe à horaires aménagés musique) au collège Marracq. En 4ème, il s’inscrit pour passer les auditions de The Voice kids. Sans succès. Mais, persévérant, il envoie plusieurs mails de relance. L’année suivante, il est au festival d’Itxassou, Errobiko Festibala, quand il reçoit un message de la production pour lui proposer de participer à l’édition 2020. La famille écourte ses vacances au Maroc pour filer à Paris. Après l’audition, il est sûr qu’il ne sera jamais rappelé : “Les autres avaient des agents, des coachs vocaux. J’avais un gros sentiment d’imposteur”. Et pourtant : non seulement il sera rappelé, mais il parviendra même jusqu’à la finale, en inaugurant le concours avec une chanson marocaine, accompagné de son père au oud.

Question de timing 

Après The Voice kids, Abdellah est contacté par un agent. Mais celui qui espérait que l’aventure lui ouvre des portes dans le monde de la musique se fait rattraper par le covid. Comme pour plein de jeunes de son âge, le confinement et la crise sanitaire mettent l’avenir en suspens. Malgré ça, Abdellah n’abandonne pas son optimisme pétillant. Il relativise, aussi. “En grandissant, j’ai réalisé qu’il ne suffit pas d’aimer chanter et de travailler sa technique pour devenir chanteur. Contrairement à avocat : si tu étudies, que tu obtiens des diplômes, tu peux devenir avocat. Pour être chanteur, il y a une question de timing et de chance.

Acteur ou avocat, même combat 

Alors, son bac en poche, il commence ses études de droit, à Bayonne. Sa mère l’a bien encouragé à monter à Paris tenter une carrière dans la musique mais, après tout, avocat, est-ce que ce n’est pas juste une autre façon de se mettre en scène ? En parallèle, il continue la musique, monte un duo piano-voix basco/franco/marocain avec son amie Xana. Question de chance et de timing, on a dit : alors qu’il passe ses partiels de 3ème année, son agent lui propose de passer le casting pour une série quotidienne télévisée qui sera diffusée sur TF1 et Netflix avant la fin de l’année 2025. Tout pour la lumière ? Loin de là : malgré l’exposition, Abdellah garde les pieds sur terre, entouré de ses amis du collège qu’il n’a jamais quittés. Celui qui chante en français, en darija (le dialecte marocain qu’il a appris pour réussir à comprendre les potins familiaux), en espagnol et en basque, aimerait bien, plus tard, continuer à fusionner ces identités. Quant à la robe d’avocat, ça ne sera pas pour tout de suite. “Chanter, c’est une autre façon d’exprimer ses combats. Et je suis fier de ce que ça représente : c’est cool de voir un rebeu du Pays Basque dans ce genre de projet.